L'échelle du temps - DELTA 10 / Henrike Stahl
Le CRP/, l’H du Siège à Valenciennes et la FLAC de Marly s’associent autour du projet L’échelle du temps, de Henrike Stahl.
« Et après… » est un projet transgénérationnel mené avec des habitants du territoire entre juin et novembre 2022 par l’artiste photographe allemande Henrike Stahl. Dans une démarche de mise en commun de leurs souvenirs, ils ont travaillé ensemble sur une forme de traduction visuelle de la mémoire. Il en résulte un livre et une installation photographique, élaborée à plusieurs mains. Cette structure originale et filigrane, véritable morceau de mémoire collective, sera présentée dans trois lieux distincts sous trois formes différentes.
« Un géant auquel on se tient et qui nous tient. Un colosse dans notre dos. Un ensemble minutieusement recueilli par nous-mêmes. Et si on avait une influence dans la construction de nos souvenirs ?
Le rapport au passé est pour moi un lien compliqué. Peut-être parce que je suis allemande, que je viens d’un pays à la mémoire abîmée et parce que mes enfants grandissent entre deux cultures.
C’est comme si je réalisais pour la première fois que mon pays était comme l’enfance, un endroit que l’on quitte sans pouvoir y revenir.
La mémoire, boîte noire et chambre claire de nos souvenirs, si capricieuse et fragmentaire, intrusive souvent, cadenassée parfois, m’a toujours fascinée.
Indomptable, la mémoire transgresse la fuite du temps. Elle nous ramène au pire comme au meilleur, à ceux que nous avons chéris, à ce que nous aurions aimé laisser de côté.
Elle est la marge qui refuse de tomber dans l’oubli.
Quel est le processus qui construit les souvenirs ? Sont-ils toujours fidèles à la réalité ? D’où viennent ces images qui peuplent notre mémoire ?
La mémoire est chapardeuse.
Selon son humeur, elle prend
Pas toujours ce qu’on lui donne,
Souvent ce qu’on lui interdit.
Elle vole son butin
L’enfouit dans sa poche,
En fait son trésor,
Qu’elle chérit
Pour plus tard
Quand il fera froid
Quand viendra l’envie.
Jean-Jacques Sébille
Nul ne sait comment se construit la mémoire. Comment elle trie, range, jette. Elle fait son grand ménage sans rien demander à personne. Je souhaitais approfondir cette recherche, commencée il y a quelques temps par des découpages de photos de mes enfants. Nous nous sommes lancés dans ce voyage ensemble, avec Sylviane, Annick, Henri, Michaël, Jeannine, Manon, Alice, Rayan, Léona… Nous avons construit « Et après… », une mise en commun de nos mémoires esquintées. Nous avons cherché à donner vie à ces images, celles qui fondent autant nos souvenirs que nos espoirs. Dans une démarche active de création, jeunes et moins jeunes ont confronté leurs mémoires plus ou moins remplies et leurs projets plus ou moins lointains. Portés par des processus d’émancipation, de (re)construction et de (re)écriture de soi, nous avons élaboré à plusieurs mains, une structure minutieuse en filigrane. Un morceau de mémoire collective. »
Henrike Stahl