Récit d’un effacement réunit les écrits de l’artiste Anne-Marie Filaire autour du projet Terres, Sols profonds du Grand Paris (2020, éditeur Dominique Carré, La Découverte). Lauréate de la Fondation  Jan Michalski pour l’écriture et la Littérature en 2023, Anne-Marie Filaire a rédigé ce Récit d’un effacement dans le cadre de cette résidence.

L’auteure décrit ce qu’elle a éprouvé à photographier quotidiennement sur trois ans (2019-2021) des millions de tonnes de terres inertes excavées du sous-sol de Paris, et déplacées autour de la capitale sur les sites qui les réceptionnent et les stockent. Raconter cette expérience photographique unique dans ces chantiers, derniers grands déserts urbains, et le rapport intime qui se crée dans cette relation à la terre, au paysage et au temps. Donner un récit de cette transformation. Une expérience étrange vécue dans une période de confinement.

« Celle que j’aime photographier est celle des ambiances incertaines, celle aussi des grandes clartés à la tombée du jour, je pense à la terre rouge de l’Afrique. J’aime le vent, celui d’altitude. La lumière et les éléments vont m’amener à cet état de réceptivité du paysage. Et pourtant ce que je cherche c’est le lieu, il est avant tout le sujet et c’est en lui que (se) jouent la lumière et les éléments. En photographie j’aime aussi les lumières crues et aveuglantes qui mettent à distance le paysage. Je les ai côtoyées souvent au Proche-Orient. Là je travaillais sans me préoccuper de la lumière, j’allais au but. Poussière, lumière, contraste, mes images se sont formées dans les déserts, les villes millénaires, dans la violence de la lumière.»